« La lettre de monsieur Amaury Guitard est présentée comme une démarche historienne. Elle est avant tout politique, et très nettement orientée.
Je ne suis pas un spécialiste de l’histoire de la révolution française et je ne mets pas en doute la validité des recherches effectuées par monsieur Guitard, que vous qualifiez d’historien (il semble qu’il soit professeur d’espagnol et non d’histoire).
Mais il faudrait tout de même assortir cet article d’un avertissement: car la thèse de M. Guitard sur les guerres de Vendée et la qualification de « génocide » appliquée à la répression des armées de la République est typiquement une thèse royaliste. Il n’est qu’à se promener un peu sur la toile pour lire la prose de ce jeune homme sur des sites comme démocratie-royale.org ou alliance.royale.ouest.touraine.overblog.com.
De même, on trouvera assez facilement des textes d’historiens réputés contredisant cette thèse et réfutant totalement l’appellation de « génocide ». Pour ceux qui n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à cela (c’est mon cas) l’article de Wikipédia concernant les guerres de Vendée est très complet, évoquant aussi bien les historiens monarchistes et d’extrême-droite que les historiens républicains et marxistes, qui se battent depuis le 19e siècle sur le sujet.
Quant à la responsabilité de Robespierre, elle n’est pas aussi nette que le prétend M. Guitard, dans le sens où il n’a pas été seul et unique responsable de la répression et des exactions commises. On peut se reporter à cet article :http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/robespierre-bourreau-de-la-vendee-129490.
Si l’on commence à débaptiser les rues portant le nom d’hommes politiques ou de militaires accusés par telle ou telle chapelle d’actes répressifs et de tueries, il ne restera plus en France que des rues Jacques Prévert et des avenues Charles Trénet. Pourquoi pas ? Mais il y en aura encore pour dire que Prévert a été communiste et antimilitariste et il y en aura d’autres pour reprocher à Trénet son attitude ambigue pendant l’occupation. Un peu de provocation : Qui oserait proposer de débaptiser le quai De Gaulle en mémoire des morts du 17 octobre 1961 et de ceux du métro Charonne ?
L’existence d’une rue Robespierre à Montceau-les-Mines, comme celle d’une avenue Maurice Thorez et d’une cité Lénine à Saint-Vallier, selon moi, ne marque rien d’autre que la mémoire d’une région ouvrière, profondément marquée par la mine et l’industrie et donc par les idées politiques des militants et des élus locaux. Eh oui, ces cités ont été administrées par des hommes de gauche, qui puisaient dans l’histoire leurs références et leurs héros. C’est avant tout leur mémoire qu’il faut respecter, pas celle de Robespierre lui-même.
Parmi les candidats aux élections municipales, je ne sais pas si quelqu’un répondra à M. Guitard. Je sais par contre qu’il y en a au moins un qui pourrait être favorable à cette requête : c’est le candidat du Front National, dont les responsables ont déjà, par ailleurs, soutenus la reconnaissance du « génocide vendéen » : http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/01/18/marion-marechal-le-pen-cosigne-un-texte-avec-des-deputes-ump_1819137_823448.html
Bref, les recherches historiques de M. Guitard sont sans doute rigoureuses, sincères et leur résultats véridiques. Cela n’empêche pas son interprétation d’être partisane.«
Thierry Bonnot
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