Aujourd’hui : Pouilloux
C’est Jean Paul Mazille, Conseiller municipal, mais aussi fan d’environnement, membre du Syndicat d’Aménagement de la Bourbince, trésorier de l’association polliacienne « Libre Regard » et encore Vice Président de « Généalogie et Histoire Du Bassin Minier, qui nous a guidés, informés dans notre visite de ce magnifique village qu’est Pouilloux.
C’est grâce à lui que vous découvrirez ou redécouvrirez son histoire, sa beauté et ses richesses, nous lui en sommes reconnaissants et le remercions au risque, et nous le prions de nous en excuser, de choquer sa grande modestie. Jean Yves Tondoux est le Maire de la Commune.
Le village est situé à trois kilomètres du Canal du Centre, il se trouve dans un bocage vallonné, il revendique son appartenance au pays charolais. Pouilloux faisait autrefois partie du Comté du Charolais qui appartenait aux Ducs de Bourgogne. Et figurez-vous que sa propriétaire, Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, eut l’idée d’épouser Maximilien d’Autriche. L’incidence fut que c’est ainsi que de 1477 à 1684, les habitants de Pouilloux furent Autrichiens et ne payaient pas d’impôts (chanceux non ?). Pouilloux tiendrait son nom de sa naissance, au XIVe siècle, sous l’influence d’un prieuré nommé « Prioratus de Poillyo ». Ses habitants se nomment les Polliaciens et les Polliaciennes.
Dans l’histoire de Pouilloux on retrouve plusieurs lieux, constructions ou activités qui ont marqué cette histoire.
- Tout d’abord l’Eglise Romane Sainte Madeleine qui date du XIIème siècle. En 1880, elle menaçait de ruine et le Conseil municipal en décida la démolition. Il décida aussi le déplacement du cimetière et la reconstruction, dans un premier temps de la nef achevée en 1892, mais orientée à 90° par rapport à l’ancienne afin de permettre la création d’un champ de foire à l’emplacement de l’ancien cimetière. Le cœur de l’église néo Romane, lui, ne fut construit qu’en 1936 (44 ans sans clocher). Construite sous la direction de l’architecte M. Rotival, elle est identique à celle de Lugny les Charolles.
Pour connaître l’histoire complète de cette église, il existe un fond de documents conservés à la Mairie de Pouilloux et aux Archives départementales de Mâcon et constitué essentiellement par des rapports de l’architecte M. Rotival de Charolles, des comptes rendus de délibérations du Conseil Munivipal et du cadastre de 1818. On se réfère aussi à l’ouvrage « description générale et particulière du Duché de Bourgogne » de l’Abbé Coutepée de Dijon qui apporte quelques renseignements, ainsi que le livre récent de Marthe Gauthier « Le Comté de Charolais ».
La paroisse de Pouilloux, devait être, sous l’Ancien Régime, rattachée à la Collation de l’Evêque d’Autun et appartenait à l’Archiprêtré de Blanzy et après avoir fait partie de celui de La Guiche, elle est revenue à Blanzy auquel elle est encore rattachée aujourd’hui. D’après le cadastre de 1818, Il s’agissait d’une église romane, simple dans sa conception, comportant une nef très allongée et relativement étroite. Elle était orientée entrée à l’ouest, chœur à l’est et était entourée du cimetière. En superposant le relevé cadastral ancien à l’actuel, on observe que le chœur de l’ancienne église se trouvait à peu près à l’emplacement du monument aux morts actuel.
On observe aussi que la nef se trouvait en face des bâtiments d’étable de la maison qui devait être le presbytère (maison qui appartenait à la famille Billebaud). C’est donc dans un rapport du 28 juin 1890 que l’architecte Rotival concluait à « un état général d’écrasement des plus menaçants et à l’urgence de démolir le clocher au plus vite afin d’éviter des accidents graves ». Elle fut démolie en entier et elle fut dans sa reconstruction orientée Nord – Sud. Beaucoup de questions se sont posées sur le fait que l’ancienne église qui avait traversé les siècles depuis sa construction ait présenté subitement de tels défauts que l’on soit amené à entamer sa démolition (malfaçons suite à des réparations ? Procédés de fabrication imparfaits ? Mauvaises fondations ? Murs mal assemblés les uns les autres ? réparations inconvenables des soubassements ? Poids des cloches mises en place en 1860 ? précautions pour la démolition de la nef ?).
Comme nous l’avons déjà évoqué ci-dessus, l’église actuelle, néo-romane, est fort originale, car les églises de Lugny les Charolles et de Pouilloux sont les seules de cette conception, édifiées en Saône et Loire (toutes deux imaginées par l’architecte Rotival). Cette église est à voir avec sa large nef, sa travée de chœur sous clocher, ses 2 sacristies, son abside semi-circulaire en « cul de four ». Sa nef est divisée en 4 travées par des arcs transversaux. A l’extérieur des contreforts viennent soutenir la poussée des arcs sur ces encorbellements. La conception des arcs latéraux et tranversaux évite la présence de piliers dans la nef. Le clocher carré surmonte la travée du chœur. On note à l’intérieur un christ en croix de la fin XVIIème, 2 statues de bois décapé, ciré, sans doute du début du XIXème. Sa récente rénovation en fait un magnifique monument au centre du bourg.
- La Poterie du Pont des Vernes, établie au bord du canal du Centre en 1820, participa très largement à la prospérité de Pouilloux, cet emplacement géographique avait été choisi à cause de la présence d’argile nécessaire à la fabrication des tuiles ou des poteries et bien sûr par la facilité du transport par voie d’eau (canal). D’ailleurs, c’est au creusement du canal que l’on découvrit ces gisements et que Pierre Langeron créa cette entreprise. D’abord concentrée sur la fabrication des tuiles, l’entreprise se dirigea ensuite vers les contenants alimentaires tels que bouteilles, pots à moutarde, pots à yogourts, pots à terrines, et autres pour acide, encre ou… « chauffe-pieds » et ensuite vinrent les produits vernissés tels que vases, pots à eau, carafes pour alcool etc… fabriqués par des générations de Langeron. C’est en 1957, que concurrencée par le verre et le plastique que l’usine ferma ses portes.
- Les Châteaux du Martret : le « vieux », des XIIème et XIIIème siècle, est une maison forte, un ancien « corps de garde » du Duc De Bourgogne. La famille des « De Thésu » en deviennent propriétaires en 1575, Les fils de Jean De Thésu ont servi comme capitaine dans les troupes catholiques et c’est ce qui explique sans doute le pillage de leurs riches biens par le Baron des Adrets. Vers 1680, leurs biens furent vendus et Thomas de Beaumont en devint propriétaire en 1709 et fut même parrain de la cloche de Pouilloux en 1733. Charles Marguerite Deschamps en fait l’acquisition en 1729 et le château reste dans sa famille jusqu’en 1789. La légende dit que des souterrains de plusieurs kilomètres reliaient le château à ceux de Liment et du Sauvement.
Et puis, le nouveau Château du Martret,, (fin XVIIIème et début XIXème siècle), situé tout près du « vieux », présente une belle architecture. Ce beau domaine de la fin du XVIIIe siècle, apporte une beauté, du romantisme et de la noblesse au paysage de la commune qui en est fière. Belle propriété de pierres de tailles locales et d’un toit d’ardoises agrémenté de deux tours poivrières, son parc et ses dépendances en très bon état de conservation en font un patrimoine rare. Il a été utilisé pendant plus de 20 ans comme centre aéré pour les enfants de la région.
- Le moulin de Pierre Poulin dont quelques constructions datent de la fin du Moyen Age est alimenté par un grand étang du même nom. Cet étang et ses alentours sont classés « NATURA 2000 », il est peuplé d’une colonie importante de tortues rares et renommées : « les Cistudes d’Europe ». Nous vous rappelons notre article sur ce même site, article du : 22 novembre 2012 intitulé : http://montceau-news.com/environnement/103463-decision-du-conseil-de-communaute-creusot-montceau-de-ce-jeudi-soir.html, auquel vous pouvez vous reporter. Le Moulin, propriété privée aujourd’hui souffre souvent de dégradations extérieures,. On peut y voir tout près une ancienne fontaine.
- Le hameau de « Champoussot » situé sur la droite quand on sort du bourg en direction de Saint Vallier est un ancien fief qui a appartenu à la famille de Thésut. On en retrouve des traces depuis le 7 septembre 1586 (Louis de Thésut II, second fis de Jean de Thésut et d’Anne Brenot jusqu’au 12 août 1709 avec la mort d’Antoine de Thésut, pr^tre curé de Buxy. Ensuite ce domaine passa à Marie de Thomassin etc….
- L’ancien fief des Autels (Duché de Bourgogne et Comté du Charolais), a sans doute donné son nom à la famille Desautels, établie depuis le XIVème siècle et dont l’un des représentants le plus notable serait Guillaume Désautels, poète français rattaché à « la Pleiade » ( 1529 – 1581).
Aujourd’hui, Pouilloux est une commune qui a un fort accroissement de population avec 1100 habitants sur 1840 hectares de superficie. C’est bien sûr un village à vocation agricole, mais aussi à vocation résidentielle. La commune est attachée à l’environnement avec le plan « Natura 2000 » dont nous avons parlé, mais aussi avec le plan Bocage et la remise en place des haies. On note à Pouilloux la présence d’artisans (plombiers, couvreurs, pépiniériste, photographe, artisane d’art etc… et aussi de 2 commerces avec un boulanger et un fromager… et puis aussi la présence de l’aérodrome de la CCM qui permet le transit des avions des industriels tels que Michelin, TEREX etc…).
De nombreuses associations animent le village, comme « Libre Regard » toute acquise à l’environnement et à la protection de la nature, le Comité des fêtes avec ses nombreuses manifestations dont sa célèbre marche du 1er mai. D’ailleurs, en partant de Pouilloux, du stade, en direction de l’aérodrome, on peut voir le totem témoin du parachutage par la France libre de Londres aux maquis locaux, lire notre article qui vous fait part de l’inauguration de ce totem et nous incite à rendre hommage au grand Résistant que fut Gaston Dubois. http://montceau-news.com/montceau_et_sa_region/102679-ce-samedi-a-pouilloux.html
Citation : « La vie à Pouilloux, est rythmée par les habitudes d’une population originaire de la ville qui a ressenti le besoin de retrouver un cadre de vie rural. Devant la salle des fêtes, souvent se rassemblent des randonneurs qui partent en chantonnant, les chaussettes tire-bouchonnant sur des grosses chaussures, pour suivre les innombrables sentiers tracés le long des haies de bocage aux couleurs charolaises. » Il faut dire qu’à Pouilloux, les randonneurs ont l’embarras du choix pour se « balader » à partir du village sur les nombreux chemins balisés, que ce soit dans le bocage ou dans les bois, le long des ruisseaux ou au bord des étangs. Nous en savons quelque chose : « c’est un régal !». Alors, chaussez les « bonnes godasses » et… en avant marche !
A Pouilloux : « çà sent si bon la France !»
Jean Michel LENDEL
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