Quand le Maréchal Ferrand
refait une beauté aux chevaux de trait
Du vendredi 13 septembre au lundi 23, se déroule entre Le Touquet et Dunkerque, sur la côte d’Opale, sur 274 kilomètres, « la Route du Littoral, en calèches ». Ce sont pour les participants 7 jours d’une balade de rêve à raison d’environ 38kms/jour.
2 attelages locaux vont vivre l’aventure :
- Sady et Rêveur, des chevaux de trait qui tireront la calèche de Jeannine et Marc Duverne de Blanzy et
- Tosca et Uni qui, eux, tireront celle de Jocelyne et Serge Duband des Bizots
Pour ces 2 attelages, l’intendance de ces 7 jours est assurée par 2 couples d’amis, Michèle et Roger Odde et Josette et Michel Vailleau.
Pour effectuer ce périple, il faut que les chevaux soient prêts et c’est pour cette raison que Jean Pierre Crisapulli, installé au Breuil en tant que Forgeron, serrurier-métallier et aussi Maréchal Ferrand ambulant était ce mercredi matin à Blanzy, chez le Marc Duverne pour assurer le changement des fers de Sady et Rêveur les chevaux de ce dernier, mais aussi ceux de Tosca et Uni les chevaux amenés en ce lieu par Jocelyne Duband.
Le « Patron » était accompagné dans sa tâche par son compagnon Judicaël Breton et par son apprenti (3ème année) Yann Aymes.
L’activité de Maréchal Ferrand, nous dit Jean-Pierre « est une activité de passion, née de l’Amour du cheval, hélas, elle ne pourrait pas, étant très saisonnière, à elle seule nourrir ma famille et celles de mon employé et de mes 2 apprentis. C’est pourquoi, j’exerce aussi le métier de forgeron – serrurier – métallier. L’activité que vous nous voyez pratiquer aujourd’hui est celle de Maréchal Ferrand ambulant ».
Les sabots des chevaux sont ferrés pour permettre à ces derniers de s’user de façon normale et d’assurer au cheval un confort et surtout une bonne santé le plus longtemps possible. En effet, les chevaux domestiqués subissent au niveau des sabots des usures que ne connaissaient pas les chevaux sauvages (pas de sol goudronné ou bétonné, pas de « freinage » artificiel etc…). Il faut savoir que le sabot à l’âge normal de l’animal pousse d’environ 1cm par mois. Il se renouvelle en 9 mois. Un cheval peut faire environ 300kms avec un fer. Le ferrage se fait en général à peu près toutes les 8 semaines.
Le ferrage des sabots des chevaux se fait différemment selon qu’il s’agisse de chevaux de traits, de chevaux de selle, de poneys ou d’âne, et cela à cause de la différence de poids. Pour les chevaux dits « de selle », les poneys et les ânes qui sont plus légers, on pratique le ferrage « à l’anglaise », c’est-à-dire que le Maréchal Ferrand travaille seul sur l’animal, sans l’aide de personne. Il tient seul le pied et le ferre. Pour les mêmes équidés, dans la pratique dite « à la Française », il se fait aider pour tenir le pied de l’animal.
Pour le ferrage des chevaux de trait, beaucoup plus lourds, le Maréchal Ferrand utilise le « travail », sorte de cage étudiée pour maintenir le cheval et le pied « travaillé ». Chez Duverne, il utilise bien sûr un « travail mobile » qu’il transporte sur un camion. Dans ce « travail », est aussi installée une enclume. En plus, dans un autre véhicule se trouve la forge et Jean Pierre nous montre aussi l’enclume mobile, ses différents outils de cloutage, de serrage, d’arrachage de clous etc… et bien sûr le stock bien rangé, en rangs de toutes les tailles de fers pour chevaux de trait.
Voyons en détail comment Jean Pierre, Judicaël et Yann ont procédé pour changer les fers de Sady, Rêveur, Tosca et Uni, il leur a fallu pour un pied :
- Enlever le vieux fer (déferrage),
- Retailler la corne du sabot (parage), pour équilibrer le cheval par rapport au centre de gravité du pied.
- Retravailler le fer à la forge, les fers utilisés ici sont en acier, mais, comme on n’arrête pas le progrès, Jean Pierre nous dit qu’il « peut aussi travailler les fers en alu, en fer ou en plastique… ». Il utilise aussi pour le collage, de la résine, il utilise du silicone pour « amortir ».
- Reposer le fer « à chaud » pour bien l’adapter au pied, il insiste : « ne surtout pas faire le contraire, adapter le pied au fer ! ».
- Clouer le fer avec des clous à tête pyramidale auxquels sont ajoutés les « grains d’orge » pour la future extraction du clou vers l’extérieur. Une pose à l’envers du grain d’orge entrainerait une extraction à l’intérieur du pied et ce serait très grave pour le cheval.
Après toutes ces actions effectuées sur les 4 pieds, le cheval est chaussé à neuf. Le Maître qui possède une grande expérience de 25 ans de métier peut être fier et ne manque pas de féliciter compagnon et apprenti. Il peut envisager une prochaine retraite, il sait que la relève est assurée, il envisage même pour que cela se fasse en douceur, une association. Il faut dire que Yoann et Judicaël clament haut et fort leur amour pour les chevaux et leur passion pour le métier.
Quel beau métier ! Et surtout soyez rassurés, les chevaux ne souffrent pas, au contraire tout est fait, comme nous l’avons déjà écrit pour sa santé et son confort.
Quand à nos veinards, les Duverne et les Duband, souhaitons leur une belle « Route du Littoral en calèche » !
Jean Michel LENDEL
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